J’ai écrit ce texte avant les vacances de Noël, mais je n’ai
pas pris le temps de le publier. En le relisant aujourd’hui, j’ai failli le balancer,
et puis je me suis dit, tant pis, il est peut être périmé mais ça m’a fait
tellement plaisir de l’écrire…
D’après une idée piquée à la Famille déjantée.
Entre le sapin, deux chansons de noël, la dégustation de
chocolats et la confection maison de sablés, la période est propice aux
souvenirs familiaux…
Il y a un an, la famille fêtait Noël dans un chalet cosy des
Pyrénées, MonBlond faisait ses premières descentes en luge et se prenait ses
premiers gadins…
C’est aussi le premier achat de boules de Noël incassables,
afin d’éviter tout massacre de mes précieuses décorations en verre, welcome les
boules en plastique de Mikéa… Adieu la belle déco…
Il y a deux ans, c’était le premier Noël de MonBlond, son
émerveillement devant les (dernières) belles décorations de Noël, le
scintillement du sapin…
Le premier Noël dans notre nouvelle maison, dans un restant
de cartons (les derniers, on l’espère) et d’odeurs de plâtre frais…
La première fois que MonBlond prend le train pour aller chez
Mamamie, les ballades sur la plage en plein hiver, les premiers cadeaux, les
premiers boudoirs dégustés…
Il y a a trois ans, l’annonce d’un bébé à venir en cadeau à
toute la famille et à tous les amis, la préparation d’un Noël qui se
voulait joyeux et tourné vers l’avenir, des projets plein la tête pour notre
petite famille en train de se créer…
Il y a quatre ans, le premier Noël que je passe enfin en
habitant sous le même toit que Roméo, après tant d’années séparés…
Un réveillon chez celle qui deviendra Mamamie, et qui
prendra une sale tournure, toujours mon mauvais caractère à fleur de peau…
Il y a cinq ans, un réveillon préparé loin de ceux de
j’aime, seule dans la brume et le crachin des iles (métropolitaines, faut pas
déconner non plus), des kilomètres à parcourir pour être là le jour J, le
ravitaillement en coquillages les plus raffinés effectué…
Il y a six ans, un réveillon préparé avec plaisir, mais en
demi-teinte : si j’ai le plaisir d’avoir retrouvé momentanément Roméo dans
la ville qui lui est chère, je n’ai pas encore de travail et je me pose des
questions sur mon avenir…
Il y a sept ans, encore un Noël préparé loin de ma famille,
mais avec mes chères amies. La magie de Noël en Provence : les santons, la
perfection des décorations dans une ville millénaire, le mistral, le froid
piquant sous un ciel éternellement bleu, les fontaines fumantes, les rires des
amis autour d’un repas d’étudiants…
Et les centaines de kilomètres parcourus dans le train pour
retrouver Roméo qui m’attend…
Il y a huit ans, un Noël fugace, car sous dispersé autour des
milles et un projets en cours dans ma vie à ce moment là : les sorties, la
famille qui se décompose/recompose, des études passionnantes, un Roméo, des
amis en pagaille : il y a les étoiles filantes, certains qui sont parmi les
derniers de mon enfance en train de disparaitre, d’autres sont entrain de
devenir les rocs de ma vie d’adulte…
Il y a neuf ans, le premier Noël que l’on passe sans la
famille de ma mère au grand complet, un Noël qui aurait du être difficile mais
qui s’est révélé être incroyablement léger et amusant, le temps de se
reconstruire dans la joie et la bonne humeur est arrivé…
Noël à la campagne, au milieu des vignes, dans une grande
maison, à manger tout et rien, à discuter et rigoler, à se promener en faisant
craquer les feuilles couvertes de givre, profiter de ce que l’on a, même si on
sait que cela ne va pas durer, sans chercher à retenir le passé…
Il y a 10 ans, un Noël dans une ambiance triste et pesante,
c’est la fin d’un cycle mais je ne le sais pas encore… J’habite dans une ville
que je n’aime pas, mon statut de jeune fiancée me semble assez étriqué…
Il y a 11 ans, ambiance très studieuse, pas de place pour le
rire, je carbure au guronzan et au café, Noël n’est qu’une vue de l’esprit du
fond de ma classe de prépa… Je m’accorde une grasse mat’ en cadeau de Noël, en
ressassant les classements en tout genres qui me sont imposés hebdomadairement.
Il y a 12 ans, un Noël à eu près normal, dans une famille à
peu près normale, cette année là il a neigé, et la campagne resplendit de
gouttelettes scintillantes… J’ai 17 ans, je suis amoureuse, et le pire reste à
venir…
Il y a 13 ans, c’est un Noël mémorable, toute la famille est
(enfin) venue chez nous, on chante, on danse, c’est l’insouciance.
Le grand père qui ronfle en douce dans la buanderie, le chat
qui escalade le sapin, les centaines de chocolats engloutis, les sandwiches au
foie gras tartiné en douce avec les cousines au petit dej’, la mine conscrite
de la grand-mère qui nous découvre, les matelas pelle mêle dans ma chambre, les
coupes de champagne…
Il y a quatorze ans, j’ai
grandi, Noël n’est plus une épreuve, je commence à apprécier de passer des
moments avec toute la famille, à préparer cette fête, à faire croire aux
cousins les plus jeunes l’existence d’un vieux barbu…
Il y a quinze, seize, dix sept ans, tout est flou dans ma
tête, c’est une époque dont je ne veux pas me souvenir, la mort de mon père,
l’adolescence, une flopée de questions insolubles. Malgré le soutien de mes
cousines et du reste de ma famille, Noël reste une épreuve, quand on est dans
une famille déchirée par le deuil. Les fêtes de fin d’année me rappellent trop
ce que j’ai perdu, l’enfance et l’insouciance, le bonheur simple et
irremplaçable de grandir à l’ombre des parents les plus aimants.
Il y a dix-huit ans, le dernier Noël que nous avons passé
avec mon père. Cette année là, la famille a innové et est partie dans un centre
de vacances, au milieu des bois avec des piscines couvertes et de très grands
chalets… Du temps passé à nager, faire du vélo, courir dans les bois, chercher
les animaux de la forêt, visiter des châteaux… Une bulle en dehors du temps et
de l’espace…
Les années précédentes, je ne m’en souviens pas précisément,
c’était le temps de l’enfance et de l’insouciance, je suis trop jeune pour me
rendre compte des conflits des adultes, et je suis toute à la joie d’être avec
mes cousins chéris, de recevoir des cadeaux…
La messe de Noël, le pain à l’anis dégusté en sortant de l’église,
le retour en courant dans la petite rue en pente du village de mes grands
parents maternels, le genévrier qui sert de sapin chez mes grands parents
paternels, l’année où j’ai eu l’honneur infini d’être l’enfant qui a déposé le
petit Jésus dans la crèche de l’église…
Les papiers cadeaux déchirés en hâte, les cris de joie et
les amères déceptions (une année j’ai reçu un seul et unique cadeau : une
calculatrice inversée qui pose des opérations auxquelles on doit répondre :
imaginez ma déception) ; la tronche
de la mère quand tout le monde m’offrait des barbies qu’elle DETESTE.
Les repas sans fin chez tous les membres de notre famille à rallonge,
le foie gras, les langoustines, les chocolats à foison…
L’enfance, des paillettes plein les yeux, de très beaux
souvenirs.
Si j’ai traversé par la suite des périodes sombres, je pense
que l’une de mes forces est d’avoir connu des moments très heureux dans ma
petite enfance, un réservoir dans le quel je peux puiser et me replonger et qui
me sert de modèle pour construire un bel avenir à mon fils chéri.
Et encore merci à Mme Déjantée d'avoir eu cette bonne idée.
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